3 - Troisième partie Conduire la guerre© N° inv. : 2 AFF 7.3. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Affiches anglaises de recrutement, « It’s our flag… » et « Enlist to-day ». Le Royaume –Uni ne disposant que d’une armée de métier au début du conflit, Lord Kitchener, nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Asquith dès le 3 août, et persuadé que la guerre serait longue et coûteuse en hommes, mit immédiatement sur pied une armée de masse composée de volontaires. Celle-ci permit de recruter un million d’hommes dès l’année 1914, et près d’un million et demi en 1915, avant que le passage à la conscription ne devienne inévitable en janvier 1916. L’affiche aux couleurs de l’Union Jack se contente de rappeler des exigences patriotiques d’ordre général : un appel au combat (Fight for it) se double d’un appel au travail (Work for it) adressé à ceux qui ne combattent pas. En revanche, l’image de ce soldat souriant, « heureux et satisfait », joue sur le ressort de la culpabilité de ceux qui restent à l’abri quand d’autres acceptent de risquer leur vie. Ce type d’affiches, d’origine parlementaire et destiné à appuyer la campagne de recrutement des volontaires, utilisait toutes les ressources de la publicité moderne de l’époque. Pour autant, la recherche récente a montré que cette dimension publicitaire fut nuisible, précisément, à l’efficacité de la campagne : cette forme de « vente » de l’enrôlement volontaire ne discréditait-il pas un geste patriotique de haute portée morale ? Rapidement, la propagande dut revenir à des formes plus classiques et plus discrètes pour encourager à l’enrôlement.© N° inv. : 17 AVE 14.3 et 18 DEC 1.2. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Foulard aux hymnes nationaux alliés et Broderie des quatre chefs d’Etat des Puissances centrales. Foulard britannique aux couleurs des Alliés britannique, français, russe et belge, avec les quatre hymnes nationaux : les patries et leurs symboles se portent sur les vêtements, et donc sur le corps, désormais. Un camp adverse où le patriotisme s’incarne bien davantage en la personne des chefs d’Etat (ici allemand, austro-hongrois, bulgare et turc), tous placés sous la protection d’une Vierge à l’enfant sur cette broderie d’origine catholique réalisée au milieu de la guerre.© N° inv. : 3 AFF 34.2. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Affiche allemande Fritz Erler. Une icône : le soldat au casque d’acier. Affiche pour le 6e emprunt de guerre allemand (1917). Jusqu’en 1917, la propagande allemande pour les emprunts de guerre écarte toute recherche iconographique et typographique, jugées indignes des proclamations officielles. Mais les résultats du 4e emprunt ayant été médiocres, les autorités renoncent à leurs préventions. L’affiche de Lucian Bernhard pour le 5e emprunt utilise donc avec succès un texte au graphisme simple et efficace, inspiré des techniques de la publicité. Sous le titre « Aidez-nous à gagner ! Souscrivez aux emprunts de guerre », le portrait de soldat peint par Fritz Erler (1868-1940) constitue une césure véritable: l’image, employée pour la première fois et diffusée sous forme d’affiches et de cartes postales, assure le succès financier de l’opération (13,1 milliards de marks, un record) et, surtout, elle s’impose comme un archétype iconographique, pendant et après le conflit. La gamme chromatique à dominante grise et verdâtre, les attributs du guerrier de l’ère industrielle (le casque d’acier, le mas à gaz et les cisailles), le décor limité à un fil barbelé emblématique, suggèrent un réalisme conforme à la nouvelle esthétique du combat, transcendée cependant, sur le visage hiératique du soldat, par le regard tourné vers l’horizon. Horizon de la victoire ? De la mort ? C’est peut-être dans cette ambiguïté que réside la fascination durable exercée par l’image du combattant au casque d’acier, devenu le symbole de ces hommes nouveaux forgés au creuset des grandes batailles de matériel.© N° inv. : 20 FI 1. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Aigle à clous d’une école allemande. Aigle en clous « Notre avenir est sur l’eau ». Depuis le début du conflit, s’est diffusée en Allemagne la pratique de planter sur des tableaux ou des statues de bois des clous correspondants à un don pour l’effort de guerre ou destinés à une des nombreuses organisations caritatives. A Berlin, il était ainsi possible d’orner le manteau de la statue monumentale de l’Hindenburg érigée sur la Königsplatz : des clous d’acier, d’argent et d’or étaient en vente à cet usage. Dans d’autres villes, des Roland héroïques furent érigés selon le même principe. Instrument de la mobilisation spontanée des civils, d’autres objets de ce type prennent souvent une forme plus modeste. Sur ce panneau scolaire mural, haut de 83 cm et large de 58 cm, les élèves ont réalisé une aigle noire, symbole national de l’Empire allemand. Sur un fond bleu est inscrite la grande devise de la politique mondiale – « notre avenir est sur l’eau » – une phrase prononcée par Guillaume II en 1898 lors de l’inauguration du port de Stettin. Fabriqué en 1917, et alors que la guerre sous-marine à outrance a repris dès le 1er février, un tel objet témoigne du soutien populaire qui entoure cette décision et atteste la puissance mobilisatrice du discours sur les droits de l’Allemagne à obtenir sa « place au soleil » (von Bülow).© N° inv. : 9 MED 8.1 et 8 MTC 2.1. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Insignes de journées de l’armée coloniale (France) et Sébile de la journée serbe du 25 juin 1916. Dans tous les pays belligérants, les « journées » furent un moyen important de mobiliser le public, aussi bien sur le plan financier que sur le plan moral. Les thèmes des journées étaient des plus variés : à l’ensemble homogène des douze vignettes françaises centrées sur les journées des troupes coloniales et de l’Armée d’Afrique, s’oppose l’ensemble britannique qui témoigne d’une grande diversité, encore que l’appel à la solidarité avec les hôpitaux, les blessés, les invalides, et les infirmières domine l’ensemble. La tirelire aux couleurs de la Serbie, pour la journée serbe du 25 juin 1916, témoigne de l’importance symbolique de cette petite puissance aux yeux des Alliés. À la date retenue pour cette « journée », la Serbie était intégralement occupée par les Austro-Hongrois depuis la fin de l’année 1915. Toutefois, les débris de l’armée serbe et le gouvernement, accompagnés de milliers de civils en fuite, avaient traversé l’Albanie avant d’être recueillis par les Alliés et évacués vers Corfou, où le gouvernement serbe s’établit et supervisa le redéploiement de l’armée sur le front d’Orient, devant Salonique.© N° inv. : 16 AFF 25.1. Coll. Historial de la Grande Guerre – Péronne(Somme). Photo Yazid Medmoun – Affiche « Nous saurons nous en priver ». Cette affiche de propagande a été réalisée dans le cadre d’un concours organisé en 1916 au sein des écoles communales de la ville de Paris, afin d’encourager à la prévoyance et aux économies, dans le domaine alimentaire essentiellement. Il s’agit généralement d’affiches dans lesquelles les enfants encouragent les adultes à restreindre leur consommation ( « Réservez le vin pour nos Poilus »). Mais ici, l’enfance s’adresse à l’enfance en l’encourageant à se priver de sucreries : dès lors, elle devient l’objet en même temps que l’agent de la mobilisation sociale et culturelle du temps de guerre. RETOUR À L'ENCYCLOPÉDIE